Le filtre de Kalman d'ensemble a été proposé par Evensen en 1994, puis corrigé en 1998. Pour une description détaillée, il est possible de se référer à Evensen (2003). Cette méthode a d'abord été présentée comme une alternative stochastique au filtre de Kalman étendu qui est déterministe. L'utilisation d'une méthode de Monte Carlo a été imaginée pour résoudre les deux principaux problèmes du filtre de Kalman étendu dans le cadre de système de grande taille non linéaire qui sont son coût très important et sa mauvaise réponse en cas de forte non-linéarité.
Le filtre de Kalman d'ensemble est très populaire car il est conceptuellement
très simple et sa mise en uvre est aisée. En effet, il ne nécessite
ni dérivation des opérateurs tangent-linéaires et des équations adjointes,
ni intégration rétrograde du modèle d'évolution.
Le filtre de Kalman d'ensemble reste un filtre Gaussien et n'est pas un filtre particulaire malgré l'emprunt de la nation de particule (comme le filtre SEIK) car il ne gère les statistiques d'erreur que jusqu'à l'ordre deux. Au lieu de propager une matrice de covariance, les erreurs sont représentées statistiquement par un nuage de points propagés par le modèle d'évolution, sans aucune linéarisation. L'étape d'analyse est ensuite celle d'un filtre de Kalman standard.
Comme la montré Burgers (1998),
il est essentiel de perturber les
observations pour chacun des membres de l'ensemble avec l'estimation
de la matrice de covariance d'erreur d'observation .
En effet, comme un échantillon statistique
a tendance à s'appauvrir par coalescence des points, l'ajout de bruit
dans les observations peut être interprété comme l'adjonction d'une
partie stochastique permettant d'enrichir l'échantillon.
L'algorithme du filtre de Kalman d'ensemble peut être décrit de la manière
suivante (cf. Fig. 5.3). À partir d'un ensemble de conditions initiales,
un ensemble d'états d'ébauche à l'instant est construit par de courtes
intégrations du modèle d'évolution. La matrice de covariance
d'erreur de prévision
est calculée à partir de cet échantillon
de telle manière que
.
La matrice de gain
peut alors être calculée.
Chaque ébauche est utilisée pour effectuer une analyse à l'instant
comme décrit par l'Eq. 5.9. Les analyses sont
obtenues avec des données bruitées. L'ensemble de ces états
analysés est ensuite propagé jusqu'à l'instant
et
permet alors d'estimer la matrice
.
Le rang des matrices ainsi estimées est inférieur ou égal à la taille
de l'échantillon stochastique, c'est-à-dire très largement
inférieur à la taille du vecteur d'état.
Cette déficience de rang signifie que l'utilisation directe
de la matrice
dans l'algorithme d'assimilation contraint
les corrections identifiées par l'analyse à être définies dans l'espace
des membres de l'échantillon. Afin de palier à ce problème, le
vecteur d'état
peut être séparé en un vecteur
projeté
sur le sous-espace constitué par les échantillons et un vecteur
orthogonal. La matrice estimée
est alors liée dans l'algorithme
à
et une matrice de covariance d'erreur statique est liée
au vecteur orthogonal à
.
Outre la conséquente économie de calcul et de stockage par rapport
au filtre de Kalman étendu, l'algorithme du filtre de Kalman d'ensemble
présente l'avantage d'être particulièrement adapté aux machines de
calcul parallèle puisque chaque membre de l'échantillon d'analyse
peut être calculé indépendamment des autres, et donc simultanément.
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Nicolas Daget 2007-11-16