Soutenance de thèse : Gildas DAYON – Evolution du cycle hydrologique sur la France au cours des prochaines décennies
Vendredi 20 novembre 2015 à 10h30
Thèses Cerfacs Salle de Conférence Jean-Claude André
Résumé :
L’étude des impacts du changement climatique demande souvent de mettre en place de longues chaînes de modélisation. Du modèle qui servira à estimer les concentrations futures en gaz à effet de serre jusqu’au modèle d’impact. Tout au long de cette chaîne de modélisation, les sources d’incertitudes s’accumulent et compliquent l’exploitation des résultats pour l’élaboration de stratégies d’adaptation. Il est proposé ici d’évaluer les impacts du changement climatique sur le cycle hydrologique en France ainsi que les incertitudes qui y sont associées. La contribution de chacune des sources d’incertitudes n’est pas abordée, principalement celle associée aux scénarios d’émission de gaz à effet de serre, aux modèles climatiques et à la variabilité interne.
Nous proposons dans ce travail une approche pour évaluer la transférabilité dans un climat futur de la méthode statistique de régionalisation des simulations climatiques. La vérification de l’hypothèse de transférabilité effectuée est l’une des principales sources d’incertitudes des méthodes statistiques de régionalisation. L’évaluation proposée ici s’appuie sur l’utilisation de modèles régionaux, dans un cadre dit de modèle parfait, et permet de montrer que l’utilisation de certain prédicteurs s’avèrent utile à assurer la transférabilité de la méthode de régionalisation dans un climat futur. Cette approche proposée pour une méthode de désagrégation statistique est également applicable à des méthodes de correction des biais des modèles régionaux.
Les récentes réanalyses atmosphériques sur l’ensemble du XXème siècle, régionalisées avec la méthode développée dans ce travail, et associées aux observations de température et précipitations permettent de caractériser le cycle hydrologique en France. Elles permettent notamment de montrer que la variabilité multi-décennale des débits observés pendant le XXème siècle est généralisée à l’ensemble du pays et est liée à la variabilité des conditions atmosphériques. Cette variabilité multi-décennale des débits est généralement plus faible dans les simulations hydrologiques réalisées avec les simulations historiques des modèles climatiques.
Les projections climatiques ont été régionalisées avec la méthode développée dans ce travail. La température sur l’ensemble du pays, en moyenne sur les modèles climatiques, augmente jusqu’à 3,5°C en hiver et 6,5°C en été d’ici la fin du siècle. Les précipitations vont diminuer sur l’ensemble du pays en été, de presque moitié sur le sud du pays pour le scénario le plus sévère. En hiver, elles augmentent sur la moitié nord du pays et diminuent légèrement sur la partie sud. Dès les prochaines décennies, la diminution des précipitations est importante en été, l’évolution est moins marquée pour les autres saisons.
Enfin, les résultats des projections hydrologiques réalisées avec un modèle hydrologique et un ensemble de modèles climatiques sont présentés pour les prochaines décennies et également pour la fin du XXIème siècle. Sur la Seine, les résultats sont différents en hiver de ceux présentés dans de précédentes études. Ici, les précipitations et les débits augmentent en hiver et diminuent en été sur ce bassin versant. Ailleurs en France, les résultats convergent avec les études précédentes, à savoir une augmentation de l’évapotranspiration, une diminution généralisée des débits et un assèchement des sols.
L’incertitude due aux modèles climatiques et à la variabilité interne sur les changements relatifs de débits augmente systématiquement pendant le XXIème siècle, jusqu’à atteindre plus de 20% en hiver pour le scénario le plus sévère. Dans les prochaines décennies, l’incertitude due uniquement à la variabilité interne sur les changements de débits est aussi forte que l’incertitude due aux modèles climatiques et à la variabilité interne. Dès les prochaines décennies, les changements de débits annuels sont plus forts sur la Loire, la Garonne et le Rhône que les changements maximaux observés pendant le XXème siècle.
Jury:
M. Benoît HINGRAY, LTHE, Rapporteur
M. Eric SAUQUET, IRSTEA, Rapporteur
Mme Pascale BRACONNOT, IPSL, Examinateur
Mme Florence HABETS, UPMC, Examinateur
M. Serge CHAUZY, UT3, Examinateur
M. Julien BOE, CERFACS, Directeur de thèse
M. Eric MARTIN, IRSTEA, CoDirecteur de thèse
M. Joël GAILHARD, EDF